Dur, dur d'être juge !

Notre belle discipline requiert beaucoup d’investissement de la part du cavalier que ce soit en temps, en argent, en travail et il est humain d’être déçu lorsque les notes obtenues ne sont pas à la hauteur de ses espérances.

Cette déception se manifeste de diverses manières selon les personnalités et fait parfois l’objet de commentaires désobligeants —voire insultants— sur les réseaux sociaux vis-à-vis des juges.

L’occasion de partager avec vous quelques réflexions sur les juges et le jugement.

Comment sont formés les juges ? 

 

1 - Pour devenir juge, il faut avant tout être cavalier. C’est un préalable à toute entrée dans le cursus de juge, et les exigences équestres augmentent avec le niveau de qualification du juge. Le juge est ainsi apte à se mettre à la place du cavalier. 

 

2 - Pour maintenir leur qualification, les juges suivent une formation continue qui inclut des cours théoriques et des formations pratiques auprès de juges plus gradés.

 

3 - Pour monter en grade, le nombre de formations pratiques est augmenté et ils doivent réussir de 2 à 3 tests de jugement (selon le grade visé) pour valider leur promotion. À partir du grade Candidat National Élite, ces tests se déroulent sur des Concours internationaux afin de s’assurer qu’ils testent sur des couples qu’ils ne connaissent pas et qu’ils ne risquent pas d’être influencés par les performances préalables des couples jugés.

 

Les écarts de jugement

Le jugement est humain et donc faillible par définition. Peut-être l’Intelligence artificielle produira t-elle un jour des robots susceptibles de juger sans erreurs ! , mais pour le moment nous devons faire avec l’humain et ses faiblesses. C’est pour cela qu’il y a plusieurs juges autour du rectangle. 

 

Différents facteurs peuvent expliquer des écarts de notes.

  • La position autour du rectangle
    • Le juge du petit côté va être plus sensible à l’orientation longitudinale du cheval : rectitude, incurvation
    • Le juge du grand côté sera plus sensible à l’attitude générale du cheval et son équilibre, de son rassembler.
  • La sensibilité du juge à certains défauts : un juge va être plus gêné qu’un autre par un contact instable, une bouche contractée....La différence ne sera peut-être que de 0.5 points par figure et au bout du compte on se retrouve avec un écart de 5%.
  • Une seconde d’inattention . Dans le cas particulier du changement de pied en l’air, seule figure à durer 1 seconde, un clignement d’yeux au mauvais moment et le juge a un doute. Le doute est toujours au bénéfice du cavalier. Le juge ne va pas inventer une faute qu’il n’a pas vu : cela peut expliquer qu’un juge mette un 7 alors que les autres ont mis 4.
  • Le référentiel du juge sur une épreuve. Il y a parfois un juge qui est plus « haut dans les notes » —ou plus bas — que les autres et ce pour tous les concurrents. Cela n’influe pas le classement pour autant..

À l’issue de l’épreuve— dans la mesure où ils n’enchaînent pas immédiatement sur une autre reprise—les juges échangent entre eux, analysent les éventuels écarts de note et de classement. Ils sont les premiers à s’interroger lorsque c’est le cas. Ils sont toujours disponibles pour échanger avec les cavaliers qui souhaitent analyser leur protocole avec eux. 

 

Un juge peut se tromper, — l’erreur est humaine — et il en est généralement le premier contrarié.

Mais n’imaginez pas que le juge a décidé de « saquer » tel ou tel couple. Le juge aime voir de belles reprises, donner de bonnes notes. Ce n’est jamais un plaisir de voir un couple en difficulté, que ce soit un « jour sans » pour le couple, ou que le couple se soit engagé dans une reprise au-dessus de son niveau. 

 

Un cavalier, un coach, peut ne pas être d’accord, argumenter sur des éléments techniques, manifester sa déception, voire la partager sur les réseaux. 

 

Mais attention de ne pas aller dans l’injure, la remise en question de l’honnêteté du juge, toute chose qui peut blesser l’humain faillible qu’il est. 

 

Rappelons enfin que c’est une activité totalement bénévole pour l’immense majorité des juges officiant en France : seuls les juges du circuit Grand National sont indemnisés. Les juges sont seulement défrayés pour leur transport, leur hébergement et leurs repas. 

 

Pas de cavalier, pas de concours !

Pas de juge, pas de concours ! 

 

Nous avons tous besoin les uns des autres pour le bien de notre discipline.

Respectons-nous mutuellement !